L'art du peintre franco-albanais Bujar Luca, a été soumis à la répression glaciale imposée par une dictature aujourd'hui vaincue. Renversée, elle n'en reflète pas moins, de diverses manières, ses angoisses, qui n'ont pas encore fait l'objet d'explications permettant d'en saisir la gravité et la profondeur. Dans ces explications, il aurait fallu chercher, entre autres, l'énigme de savoir comment un groupe de créateurs, parmi lesquels des peintres, des écrivains, des musiciens et des acteurs de la scène et de l'écran, ont essayé si fort, dans l'obscurité et la répression du genre, de maintenir en vie la divinité de l'art et ses lois éternelles.

Bujar Luca appartenait à ce groupe qui, tout en étant malchanceux, était en même temps chanceux.

Les comités officiels communistes rejetaient constamment ses peintures. Pourtant, à chaque refus, un sentiment intérieur, mélange d'espoir et de désespoir, le poussait à reprendre la toile.

Au cours de ces années, j'ai vu dans son atelier les peintures qu'il réalisait dans l'espoir qu'un jour il les exposerait dans un lieu public.

Ce jour arriva à Paris où il s'installa en 1990 et n'y cessa d'exposer au grand public.